Lecture d’Olivier Vossot

Jean Marc Sourdillon, L’unique réponse, éditions Gallimard, Paris, 2020

La vie discontinue. En vue de naître. Les titres des derniers recueils de Jean Marc Sourdillon, programmatiques, semblent mener tout droit à L’unique réponse avec une force tranquille, une tension sous-jacente, une cohérence tout intérieure qui sont uniques dans le paysage de la poésie contemporaine. Elles sont d’autant plus rares qu’une telle poésie œuvre sans tapage ni souci de ce qu’on saurait dire d’elle. Cette tension sourde se reflète dans l’écriture, dont l’arc va de la prose au vers, les alternant ou les mêlant : l’une s’affine en l’autre, fluidement, au moment où elle atteint une densité un peu aveugle et gagne alors, dans le vers libre, en ténuité – elle semble alors s’éteindre comme un dernier souffle dans un silence plus plein :

   Deux mains qui se posent sur les tempes d’un visage endormi.

   Et c’est pour toi, comme si on venait te chercher, ou t’arracher, parce qu’il y a aussi de la douleur.

   Une aiguille blanche et glacée qui s’enfonce dans l’œil ou dans l’ouïe, et qui d’un coup se retire,

carillon cristallisant dans les lointains,

quelqu’un appelle pour que tu le suives. (« Une joie contenue », p.18)

Discrète et délicate, la poésie de Jean Marc Sourdillon l’est moins par timidité que parce qu’elle est aimantée de l’intérieur par une « ambition » irrésistible : la quête d’un silence plus riche qu’elle, et qu’elle aurait, en quelque sorte, sculpté, ou accouché de la pierre : « Calme, cet oubli seul en-dessous, ce caillou gris, ce poing en nous, par quoi tout s’ouvre et s’expose. » (p.25). On a comme été jeté dans l’existence, en proie à un élan aveugle, et c’est bien lui toujours, sous les événements contraires, qui nous «polit» malgré nous, et nous veut, d’une certaine façon, veut que nous sortions de nous-mêmes, que nous nous surmontions : « ce gong de la naissance en nous, qui appelle et dérange » ; « la musique sous-jacente qui nous porte et nous lance » (p.23), à certains moments « où tout brûle et persiste dans le bleu bien qu’on ne le voie pas » (p.29) ; enfin, quelque chose en nous « qui à la fois nous expose et nous protège » (p.59), « sur le fil de l’expectative entre l’éclipse et l’imminence » (p.94).

Ainsi, « […] quelque chose en nous dit oui et véritablement commence, a déjà commencé. » (p.13). Toute l’écriture de Jean Marc Sourdillon est là, puise à ce puits dont la profondeur, qu’on ressent comme en soi, est également quelque chose d’opaque, qu’on dirait venir de l’extérieur : « […] on sent que quelque chose va se passer, quelque chose de grand ou de grave comme une catastrophe ou une réconciliation, quelque chose d’immense et d’imprévu, que l’on pressent sans pouvoir dire quoi, de quoi il s’agit, mais vers quoi l’on va » (p.12). L’écriture tend vers ce point, encore glacé, figé dans l’imminence ou dans une nécessité sourde, vécue comme improbable encore, où le puits se met à s’écouler, se fait source, prépare en soi une naissance : « être ici dans l’instant qui s’étire […] / suspendus en alerte, dans l’écart des rives. » (p.22). Cet entre-deux toujours, entre puits et jaillissement, entre les éléments eau (« l’écart des rives ») et air (« suspendus »)[1], entre chute et envol, dévoile une dimension très fine où sourdent et se déploient les poèmes : « […] par le glissement mouillé de son vol dans le silence des nuages » lit-on dans le premier poème, et un peu plus loin, dans cette même partie intitulée « La déhiscence » : « […] glissement, déplacement dans la naissance inachevée, / chute, progression dans la lumière. » Prise et perte – de hauteur : on glisse de l’une à l’autre, imperceptiblement.

Dans l’un des premiers poèmes du recueil, on se trouve entraîné par une pente douce avec d’autres qui sont « comme des frères » (p.12-13) vers une rivière (« au loin, des collines », « lumière allongée sur les herbes »), et le décor ainsi posé ravive un moment de l’adolescence qui semble contenir tous les autres, passés et à venir, tant il brille par son intensité (même s’il reste flou comme un souvenir lointain, les procédés de la dramatisation prenant le pas ici sur la narration) et nous laisse « à ce qui nous redispose et nous recompose avec le risque peut-être de nous anéantir ou la chance, pourquoi pas ? de naître à nouveau ailleurs, autrement, on ne sait comment / plus loin dans la rivière attentive. » Risque et chance. On retrouve un de ces couples de contraires qui figurent et fondent la tension d’exister – et ce n’est sans doute pas anodin si dans la dernière partie du livre, deux poèmes intitulés « Le risque » et « L’élan » se font face (pages 88-89).

Au fil du recueil, lieux, situations du quotidien, scènes concrètes, parfois fugitives, se succèdent, entre l’ivresse d’un élan (qui peut être intérieur, un simple regard posé sur les êtres) et le risque de n’être plus rien, d’être réduit à rien.

On passe « Gare Saint-Lazare », dont le nom semble fonder la vision, puisque « c’était comme si nous étions tous des rescapés, ou simplement des êtres vivants, des voyageurs en attente de renaître ou de naître tout à fait, placés là, assis, debout, au bord des quais, devant les panneaux, guettant chacun son jour au milieu des leurres. » (p.72). On fait un trajet à vélo jusqu’au quai, avant le départ de l’aimée : « La rue s’élançait  dans la pente comme si elle était le matin. Ton rire asphyxiait le silence. Tes yeux riaient du baiser que tu retenais. Nous glissions sur la route comme si nous allions sur l’eau. » (p.40). La vue d’une mère avec son enfant, assise sur une banquette du métro, est un éblouissement : « […] les yeux grands ouverts, tous les deux comme s’ils avaient dormi / – un rêve brûlait à l’attache de leurs paupières. » (p.74).

Et puis il y a ce regard de la survivante dans la fosse, au milieu de la tragédie (plane ici le terrible souvenir du Bataclan) : « […] collés les uns aux autres par le sang gluant qui les attache au sol. Ils sont les yeux fermés comme s’ils étaient déjà morts. Ils attendent leur tour, le coup qui les fera partir et cherchent tout au fond d’eux pour l’équilibre l’image qui les fera tenir. » (p.83) ; soudain, dans le regard perdu, à demi-conscient de la jeune femme, les portes du théâtre semblant s’ouvrir après la fusillade, cette fulgurance : « Comme si c’était de nouveau l’enfance et que cela n’avait jamais cessé de l’être. » (p.84). Enfin, dans une maternité, la déflagration de « ce cri » : « cette secousse de se mettre à exister », comme si la naissance avait ricoché et que « sourdement je lui répondais. » (p.77).

Train, métro, vélo – rivière : on est toujours là en mouvement, en transit, entre deux points ou bien à la frontière, fine et terrible, qui les sépare – mort ou naissance, chaque fois imminentes. Nous devons traverser. Non pas la vie – car vivre c’est justement cela : se traverser soi-même, être appelé à naître encore.

Le recueil se découpe en cinq parties dont les titres attestent d’une progression, d’une croissance – mais peut-être comme autant d’« étapes » qui seraient celles d’un récit initiatique, avec son lot d’épreuves, de douleurs et d’émerveillements fondateurs : « La déhiscence », « Tressaillement à l’approche », « La passerelle du Val d’Or », « L’unique réponse », « La naissance inachevée ». Pourtant, si l’on chemine « vers quoi l’on ne peut qu’aller » et « même si c’est chacun pour soi et en frémissant parce qu’il y va de notre vie et de sa beauté » (p.12) – si donc « on est du temps qui s’allume et se déploie » (p.87), pour autant le sens de marche n’est peut-être pas celui qu’on croit. Il se peut même qu’on se heurte à un temps qui voudrait plutôt nous défaire de nous-mêmes, mais pour nous retrouver, tels que nous sommes, et non tels que nous serons avec l’âge (« ce temps qui déborde, un chien qui aboie la vie qui se dévide », p.43) : 

D’où venu, cet élan ? De l’enfance, sans doute, et même d’avant l’enfance, d’en deçà de la naissance, on ne sait pas exactement. Mais il éclaire, il fait comme un regard en avant de nous qui à la fois nous expose et nous protège.

On va en naissant vers ce qui nous attend, peut-être notre propre naissance, peut-être une déhiscence. (« Vers les passerelles », p.59)

Aussi écrit-on : comme on chemine vers son enfance – et vers quelque chose en elle de contrecarré, d’oublié. Ce serait même la vocation du poème : être « un puits d’où la vie peut surgir plus ou moins puissamment […], la vie telle qu’elle était à l’époque où ce que disent les mots n’était pas prononcé ni même encore pensé ou voulu […] » (p.37). Il s’agit de reveniràsoi-même, comme on sort d’une phase d’inconscience. Et d’épouser un élan, celui de la vie, qui rejoint tout au long du recueil cet autre motif : la passerelle.

Et pourtant… Comme nous l’avons vu, le temps n’est pas spatialisé dans la poésie de Jean Marc Sourdillon : il est plutôt en suspens, cantonné dans l’imminence (« On est dans l’imminence. Là est notre temps, là notre régime. », p.59 ; « Mouvement qui fait de nous comme une aurore discontinue, un clignotement dans le temps […] », p.86). Aucune destination ne s’y dessine, ni rien qu’on projette. La passerelle (le symbole qu’elle constitue) ne se confondrait peut-être donc pas avec la vie qu’on traverserait. Mais à y regarder de plus près, on ne passe pas tant la passerelle, dans ces poèmes, qu’on ne la longe, étrangement. C’est même là un mot qui revient souvent dans le recueil : « tu passes au long d’eux [les nuages] » (p.31) ; « Un long frisson de soi au long d’une naissance discontinue » (p.35) ; « [la vie] remonte le long du souffle, des souvenirs et de la main qui écrit. » (p.37) ; « Le long de cet élan, on se déploie, on écrit, on se révèle » (p.86) ; « […] telle est la façon que nous avons de nous mouvoir au long des passerelles. » (p.59).  

Si le poète pense à une passerelle bien précise (du Val d’Or), qu’il peut voir « adossé aux pierres levées de la Défense », il s’adresse à elle comme a pu faire Guillevic avant lui avec la « paroi »[2] : « C’est à toi que je confiais mes questions et ma faiblesse, attendant que tu me dises où était, pour peu qu’elle existe, celle qui m’accueillerait par son regard et son attention et qui me ferait entrer tout entier dans ma vie réelle en s’ouvrant comme la Seine sous la plongée des oiseaux crieurs. » (p.53). Or, si la fonction de la passerelle n’est pas de traverser ici, mais de longer (ou d’être longée), que longe-t-elle sinon de part et d’autre le vide ? On ne trouve donc pas ici le temps, linéaire, de la « traversée » (la vie allant d’un point à un autre) mais bien le rapport à sa propre souffrance, détachée du temps et mêlée de vertige. Ne peut-on voir alors aussi dans la figure féminine rêvée (laquelle ferait du poète « une présence de plus en plus réelle », lit-on dans « On naît », p.86) un fantôme, un vide, le vide sous la passerelle en lieu et place de l’attente : un manque trouant littéralement le passé ? La passerelle « nous expose et nous protège » : on voit un peu mieux mais de trop loin, on respire mieux mais sans plus avancer. Le poème porte en lui la même contradiction.

Tout semblerait être dit dès lors, par cercles concentriques, au fil de ces poèmes – et la poésie aurait tenu déjà toutes ses promesses. Mais il y a plus. Comme un dernier secret encore, s’insinuant ici ou là dans l’écriture murmurée, délicate. Insinué pourtant dès le titre et enfoui en particulier dans le poème éponyme.

Il est question d’une passerelle « qu’il s’est lui-même construite (dans ses jours d’enfance sans doute) » (p.60), nous confie le poète. Or, au début de la dernière partie, dans un poème intitulé « Le point de défaillance », on lit qu’aucune autre réponse n’existe que « l’effondrement à l’intérieur ; toutes les postures, les résistances, les contreforts, toutes ces défenses que peu à peu l’on s’est bâties, d’un coup sombrées ; / un plancher qui cède […] » (p.81). La passerelle n’a-t-elle pas tout de ce refuge – pas même un lieu d’ailleurs, mais un passage, l’envers d’un « endroit » si l’on peut dire, où se tenir pour s’interroger – et à interroger ? Ce qu’on bâtit de soi pour tenir sans faillir, pour continuer de « longer » la vie comme on peut ? Si la passerelle se disloque, alors apparaît, « au milieu, juste un trou, un puits soudain, plein de lumière et de sanglots, avec quelque chose qui monte au long, un élan, une voix, un visage, un moi réduit à rien » (p.81). Comme s’il fallait consentir à chuter pour monter. Au déclin pour l’envol.

A l’image du puits est reliée souvent celle de la pierre, du caillou : « nu comme l’eau qui se trouble et s’entrouvre sous le galet des regards au fond des puits » (p.30) ; « Calme, à la place du ventre qui grouille, ce galet noir, immobile, dans les entrailles. / […] / Calme, cet oubli seul en-dessous, ce caillou gris, ce poing en nous, par quoi tout s’ouvre et s’expose. » (p.24-25). « […] un moi dont on ne sait que faire », lit-on ailleurs (p.43). La passerelle, possible miroir ou motif qui réfléchit le poème lui-même, est aussi et surtout le rempart à cette souffrance comprimée. Elle est en même temps ce qui mène à soi-même, à condition qu’elle s’efface, saute, se fonde, malgré le vide, en un pur « élan » : « l’envol très haut d’un oiseau mais sans l’oiseau, juste une naissance dans le verre du jour » (p.81-82).

Comment traduire dans sa vie, dans son corps même, ce que le poème diffère peut-être encore en énigme, en symbole ou en question ? Sur quoi faire reposer les mots pour qu’ils puissent peu à peu, par ricochets, nous changer ? La réponse, l’unique, Jean Marc Sourdillon la dit en toutes lettres, à partir de ce qu’il ressent un jour, dans une maternité, en entendant le cri qui le secoue[3], l’écho du cri qui en nous ne s’est jamais exprimé :

Je viens de là, de ce cri, la parole quand j’écris, la parole de la poésie, vient de là, de ce cri, et rien d’autre. / […] son souvenir me précède / – silence à sa place dans ma voix […].

Il est probable que lorsque le poète note « j’écris », il entende aussi « je crie ». Les mots du poème mènent au cri et en procèdent – le cri autour duquel tout n’aura été que silence ou sursis. Cri jusque-là contenu pour contenir la souffrance. Il est pourtant la condition et le signe de la naissance en nous, le moyen d’éprouver enfin, pour le libérer, ce que l’enfant qu’on était, dans l’impuissance, a enfoui en lui peut-être pour ne pas le ressentir, ne pas risquer sa vie, son équilibre. Ainsi, dans le poème « Le risque » : « Ta vie blessée toujours blessée qui demande de l’aide pour qu’en elle quelque chose de toi que tu retiens et ne connais pas achève de naître / te tirant à soi. » (p.88). Mais c’est peut-être dans « Adresses » (p.85) que le poète module au plus près, en des mots simples, presque démunis, le cri lui-même qui toujours est un appel déchirant :

    Moi, qui ne puis te voir puisque tu vis dans l’angle aveugle ou dans le noir, regarde-moi et garde-moi dans ton regard.

[…]

   Je sais bien que tu ne peux pas parler

mais parle-moi parle-moi quand même, à travers moi dans la façon que j’aurai de te parler,

peu importe ce que je dis ou si ce que je dis ne te dit rien,

je t’en prie, parle-moi, parle-moi encore

Citons aussi le texte qui ouvre la section de « L’unique réponse » : « L’appel ». On y trouve déjà, avec les mêmes mots, le même empressement inquiet, de façon plus ample et fluide, ce qui se joue dans ces « adresses » : « […] pour te parler / et pour que toi aussi tu me parles dans la façon que j’aurais de te parler, d’aller vers toi en te parlant, / pour que tu me répondes sans attendre dans la question même que je t’aurais posée, / parce que tu étais là dans la question, / parce que c’était cela, prier […] » (p.63). Le poème se termine alors sur un passage où l’essentiel est enclos et comme dit en passant (p.64) :

            Comme si les mots ne comptaient pas ou ne comptaient qu’à peine.

   Comme s’ils étaient une simple passerelle au-dessus d’un fleuve où ce n’est pas le pont qui sert à traverser mais le fait de se jeter au milieu du fleuve et des scintillements

comme font les mouettes en criant […]

Au niveau qui est le sien, chaque poème s’inscrit ainsi dans le recueil comme un pas de plus vers une acceptation de la fragilité et de la douleur, en vue de naître. Et sans parler d’envol, dans « Le merle » (p.96), le poète (qui est aussi celui des Tourterelles, son premier recueil) trouve une autre façon de faire de l’oiseau une de ses figures tutélaires, et du poème, une modulation de ce qui ne peut pas être dit jusqu’au bout : « Celui simplement qui dit oui et qui le dit sans le dire qui le tourne, le module comme une cerise dans la bouche, qui le fait entendre à qui veut l’entendre dans la solitude splendide de la nuit. » 

Ce ne serait pas encore rendre justice à la poésie de Jean Marc Sourdillon que de ne pas parler de la beauté suggestive de son écriture, qui convoque instantanément sens et sensations, par exemple lorsqu’elle décrit la nature ou la lumière. Dans cet extrait de « Coupe forestière » (p.16) :

Dans la forêt l’herbe a remplacé la neige et la terre sent la sciure.

Odeur de pain et de citron mûr près des arbres couchés.

Tout se réveille partout avec une certaine force et une certaine lenteur.

[…]

On est au mois de mars. Les oiseaux à nouveau passent avec les heures.

[…]

Seule la blessure fraîche des souches rappelle qu’il y eut un passé

Ou dans « Matin de banlieue » (p.22) :

Des wagons pleins de rouille arrêtés sur la voie.

Des rails, des hangars, des quais déserts. Le blanc de la tôle des toits réveille par endroits la lumière.

Jean Marc Sourdillon explore avec L’unique réponse de nouvelles dimensions de l’intime et de la quête de soi ; sans fard ni affectation, il cisèle une écriture traversée de grâce, bien près de ressembler au « verre du jour » qu’elle évoque elle-même. Elle atteint même une limpidité bouleversante, d’être née du « poing en nous, par quoi tout s’ouvre ». Dans « Souveraineté » (p.24) :

Calmes, le sourire dans les larmes, le chemin dans la campagne […].

Ou dans le tout dernier poème, « La semence » (qui se termine sur le mot « naissance ») :

Le temps se tait.

Sans bruit, les animaux se retirent.

Le son monte par degrés vers l’aigu.

Olivier Vossot


[1] Cf. « Dans la forêt », p.68 : « Quelque chose de froid et d’invisible est dans l’air, / le noyau d’une rivière. »

[2]  Par exemple : « Passé à travers toi / Sans doute moins souvent // Qu’irrémédiablement / Je ne me suis cogné […] ». Ou : « Oui, cogner, se cogner / Impondérable à toi […] ». Et, pour une comparaison plus parlante peut-être : « Sans doute mes sanglots / Entendus par le mur, // Absorbés par lui, / Rejetés par lui // Tassaient ses éléments, / Les faisaient se connaître, // Le consolidaient. » (E. Guillevic, Paroi, éd. Gallimard, p.49, 53, 55).    

[3]  Pour un rapprochement troublant avec une pensée, elle aussi, de la « déhiscence » (avec tout de même une portée plus symbolique que psychologique) : « Si le créateur doit être lui-même l’enfant qu’il s’agit de mettre au monde, il faut qu’il accepte d’être aussi la mère en gésine et les douleurs de l’enfantement. En vérité, ma route m’a fait passer à travers des centaines d’âmes, des centaines de berceaux et de douloureux enfantements. » (Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, éd. GF, partie II, « Aux îles fortunées », p.129-130)

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